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  • Odile Guyonnard

Ainsi sont sons sons…


Quelles sont ces voix que j’entends ?

Certes pas celles qu’entendirent Jeanne ou Bernadette, ni celles des anges dans nos campagnes, non plus celles qui prêchent dans le désert.

Les voix que j’entends sont vivantes et incarnées.

Ce sont celles de mon enfance et de mes amours. Tatouées dans ma chair autant que gravées dans ma mémoire.

Un bruit de papier froissé, de pages de journal qui se tournent, un raclement de gorge. Puis une voluptueuse inspiration, avec bulles d’air musicales. Enfin le tapotement de la pipe vidée de son tabac cuit contre le cendrier de verre épais.

Il y a ce cliquetis des clés presque jetées dans la soucoupe de cuivre, annonçant le retour de l’attendu, celui dont on ne sait jamais à quelle heure.

Rembobinage de la bande son : grésillement de la friture des oreillettes, beignets répandant généreusement leur parfum d’orange et de sucre cristal quand Noël se prépare.

Téléphone. Allô… La diction est toujours la même, un peu traînante sur le « A », l’accent est teinté de Sud, il y a déjà dans ce premier mot de l’inquiétude amoureuse. Je le reconnaîtrai entre mille.

A l’approche des écoles, cris joyeux d’enfants turbulents dans la cour de récréation. Le temps est déjà loin où j’en étais gavée jusqu‘à l’indigestion. Par réflexe de survie, l’oreille avait mis en place un tri sélectif, extrayant seulement de l’envahissement sonore les signaux d’alerte nécessitant une intervention d’urgence : Chutes, pleurs, douleur, bagarre.

Elle s’installait sur le rocher de granit. Discrets, nous restions au loin, près de la maison, vaquant. Elle n’avait cure de nos pudeurs, et sa prière, psalmodiée dans cette langue que nous ne connaissions pas, répétait inlassablement la phrase sacrée et berçait nos incrédulités.

Cavalcades dans l’escalier. Portes qui claquent. Poursuites. Disputes. La maison est pleine d’enfants. C’est ainsi aussi que j’aime les maisons.

Les vagues ourlées d’écume se brisent sur le rivage. Nous écouterons leur rumeur en suivant tous les sentiers côtiers, calant le rythme de nos pas à celui du ressac. Et quand le vent se lèvera, peut-être entendons-nous le chant des sirènes.

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