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« Qui a peur de Cora Suvroni ? »

Ils sont venus de l’espace, ils sont venus en masse de partout et de nulle part. Ils ont pris le contrôle de toutes nos infrastructures, de tous nos points clés, ils nous parlent, nous donnent leurs ordres par les radios, la télé. Nous leur devons obéissance. Tout rassemblement est prohibé. Pour les sorties, le visa est obligatoire. Les sorties doivent se faire rares et uniquement pour aller chercher de quoi se nourrir. Dès la première alerte, le réflexe inné est de faire un maximum de réserves utiles et de rentrer chez soi se terrer à toute vitesse. Dans les magasins d’alimentation c’est la ruée. En un clin d’œil les rayons sont dévalisés. Puis les rues se sont vidées. Depuis tout semble passer au ralenti. Autour de nous tout semble identique, indemne : le soleil brille, les roses sentent bons, les arbres sont beaux en ce printemps naissant. La nature est belle et noble. C’est calme, la ville est tranquille : pas une voiture, pas un vélo, pas un passant, on entend les oiseaux. Tout c’est passé si vite, incroyable. Au dessus de nous, la Cora Suvroni, grande cours suprême. Qui sont ils ? Que nous veulent t ils ? Sans être passé par les urnes, ils règnent grâce au pouvoir qu’ils ont usurpé en une fraction de seconde. Leur assise est simple et solide. Nous sommes confinés dans nos maisons avec cette interdiction de sortir, de voir ce qui se passe au dehors : la meilleure façon de jeter un voile pour occulter une situation. Parmi les humains, il y a ceux qui s’adaptent aux consignes et s’organisent avec souplesse dans ce nouvel espace, oublient les contraintes, vivent et rient. Ils continuent de travailler, de construire, de lire, de s’enrichir autrement. Ils profitent du temps pour faire tout ce qui était en attente faute de temps. Et il y a ceux pour qui au contraire c’est inconcevable : ils râlent, rien ne va plus. Sortir devient une obsession, même au prix de leur vie ou ce celle des autres, il faut sortir c’est la seule chose qui compte, le reste n’a aucune importance. La Cora Suvroni ? Même pas peur. Alors ils sortent, se retrouvent au restaurant ou au café. Ils font la sourde oreille aux consignes radio télévisées. Ils profitent des belles journées ensoleillées. Et il y a ceux qui n’ont plus rien à perdre, ceux qui n’ont peur de rien : ils portent la marque de la cours suprême. C’est comme s’ils avaient gagné un passe droit. Ils sortent, se baladent en toute impunité. Ils font la rencontre de ceux qu’ils croisent aux cafés ou sur les places ensoleillées. Ils nagent et naviguent de table en table, de groupe en groupe, tous heureux de se retrouver dehors, là où la liberté n’est pas une illusion. Chaque rencontre est une explosion de joie qui vient illuminer la vie. A chaque rencontre donne naissance à un nouveau né. Tout c’est passé en silence : ce n’est que quelque temps plus tard que les nouveaux nés verront la marque de la Cora Suvroni apparaître comme une irruption cutanée. La Cora Suvroni a fait de nouveaux adeptes. La communauté s’est encore agrandie sans efforts et sans cris. Ce n’est qu’après quelques semaines qu’on entendit les premiers cris : tels des objets inutiles jetés aux ordures, les corps sans vie, sont embarqués dans d’immenses centres condamnés. Le rideau s’est levé mettant à nu la rude réalité à la vue de tous. Comme une immense rature, des milliers d’humains sont rayés du paysage. Pour ceux de la communauté c’est irrévocable. Le quota est réalisé. Les centres sont bondés. La récolte a été bonne. Ils sont partis comme ils sont venus, laissant toutes les infrastructures, tous les points clés. Dans les villes et dans les campagnes le silence règne. La nature est noble et belle. Tout semble identique, indemne : le soleil brille, les roses sentent bons, les arbres sont beaux en cet été naissant.

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