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9 avr. 20202 Min

Je vous écris de mon jardin

de Monique L.

Cher Monsieur
 
Je vous écris de mon jardin. Aujourd’hui c’est grand soleil. J’ai la chance de pouvoir profiter de ce petit espace de verdure. Malheureusement, les sorties sont très contrôlées et les petites vadrouilles dans les bois complètement exclues. Bien qu’il soit rare de rencontrer âme qui vive sur le « Chemin des Granges », la consigne est générale. Dommage, c’est pour moi une vraie distraction de m’arrêter et contempler votre potager toujours si bien soigné, et encore mieux de bavarder avec vous quand vous y travaillez. Vous m’avez dit aussi combien ces instants partagés sont précieux pour vous surtout depuis le décès de votre femme. Votre adorable maison à l’orée du bois en ferait rêver plus
 
d’un, mais peut-être un peu trop éloignée du village, surtout pour des périodes comme celle que nous vivons en ce moment. Et j’avoue qu’avec le temps, avoir un peu de voisinage c’est réconfortant.
 
Le caquetage de vos poules très familières signale assurément que la vie est bien là, mais reste un peu vide d’informations. Peut-être en avez-vous par l’épicier, J’ai entendu dire qu’il continuait sa tournée et qu’il se chargeait même du pain. Je sais aussi qu’on peut compter sur notre facteur, toujours souriant et prêt à rendre service. Je l’ai aperçu hier.
 
Je crois savoir que vous n’êtes pas équipé en informatique, sinon nous aurions pu communiquer par ce biais, ce qui n’excluait pas la transmission d’un virus, redoutable pour l’ordinateur, mais inoffensif pour l’Homme. J’imagine que vous vous êtes replongé dans vos lectures des grands classiques. J’ai d’ailleurs toujours en main le recueil des nouvelles de Gogol « Les Soirées du hameau », très bon choix, drôle et fantastique. J’en profite pour vous remercier de cette découverte.
 
Je regarde avec attention l’évolution de cette pandémie qui nous contraint de rester cacher et dès que l’autorisation en sera donnée, je ne manquerais pas de me précipiter sur les sentiers du hameau avec votre livre sous le bras.
 
Bien cordialement, portez-vous au mieux
 
A très bientôt j’espère
 
Une passante impatiente

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