Monique Derrien

25 févr. 20211 Min

Le tribun

Trois barils composaient une estrade improvisée à la hâte.

Lui, l'étranger, l'homme révolté, il était là, dressé, puissant, haranguant la foule avec talent. Des épées de soleil terrassaient la place où la foule s'était rassemblée.

« N'ayez plus peur, c'est la condition... Relevez le front... Jetez votre bâillon et criez avec moi. »

Il prônait la révolte, le combat, la liberté.

Eux se méfiaient et si bien sûr ils avaient très peur pour leur vie, celle de leurs familles, pour leur pays. Ce n'était que de pauvres gens accablés par la chaleur de l'été, impuissants face aux événements, se protégeant de la foudre lancée telle des flèches par l'orateur.

Seuls les justes de Tipaza le suivraient, mais pauvres de nous que fallait-il souhaiter ? La chute des envahisseurs ou les noces harmonieuses entre eux et nous et était-ce possible ?

Les familles étaient partagées, se déchiraient. Que pouvait-on attendre d'un pays déjà divisé, en lutte ?

Fuir, fuir cette place, le charisme de cet homme, cette colère qui gronde, la folie qui gagne chacun, le goût du sang qui semble se répandre.

Je sais que combattre l'injustice pour plus de liberté se fait souvent dans la violence mais je ne suis pas armée.

Ma résistance passe par l'amour de mon pays, de son unique beauté.

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