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16 sept. 20212 Min

Un immeuble de taille

J’habite un immeuble futuriste au centre de Montpellier. De loin il ressemble à une construction en papier, une sorte d’origami géant. Mais il est bien solide. Ce qui m’avait plu avant de louer, c’était ces drôles de balcons qui ressemblent à des ailes d’oiseaux.

En fait, je l’avoue, je suis dingue des animaux. Heureusement que le proprio ne sait pas combien j’en ai chez moi ! J’ai des oiseaux : une paire de perroquets (dont mon préféré, Georges), 4 perruches, même un toucan, dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel – vert, bleu, jaune, rouge. Mais aussi 2 chats, un chien, une tortue qui se prénomme Pierre, une douzaine de poissons plus ou moins exotiques, et quelques insectes très intéressants.

Je suis installée au 15ème étage. Heureusement qu’il y a un ascenseur, pour monter tous mes sacs de nourriture (graines, croquettes, etc.). Aussi, les escaliers ne sentent pas la cire, comme dans mon ancien logement, mais le désinfectant. Le seul problème avec l’ascenseur, c’est que je rencontre à chaque fois mon voisin, que j’appelle l’anxieux/obsessionnel. Il le prend à longueur de journée, n’étant jamais certain d’être arrivé au bon port ; donc il fait le voyage encore et encore, et j’en ai assez de le voir - il me rend anxieuse aussi.

Une fois chez moi, j’ouvre toujours les fenêtres afin d’aérer, nécessaire avec cette population de bêtes. Alors mes oiseaux se mettent à chanter. Par chance, ma voisine la plus proche, Maria, est un peu sourde et ne s’en plaint pas. Au contraire, elle me rend souvent visite. La conversation avec elle n’est pas facile, mais j’ai compris tout de même qu’autrefois, elle était musicienne (malheureusement sans le talent de Beethoven, qui composait même après avoir perdu l’ouïe). Mais elle sait que mes oiseaux chantent et cela lui fait plaisir.

J’avais également un autre voisin sympathique, dont l’histoire est bien plus triste. Il vivait avec sa femme et son fils, mais l’année dernière ils sont décédés dans un stupide accident de voiture. Fred avait freiné à mort (c’est le cas de le dire) pour éviter un écureuil sur la route et est rentré dans un arbre. Sa femme et son fils n’en sont pas sortis. Il me rendait visite de temps à autre ; j'étais soulagée de ne pas avoir d’écureuil dans ma ménagerie pour lui rappeler son malheur. Il est sombré tout de même dans la dépression et juste après Noël il s’est jeté de son curieux balcon, en déployant ses bras comme des ailes. Il n’a pas volé.

Depuis, j’ai pris la résolution de me rendre au cimetière où il se trouve maintenant, une fois par mois. Je lui apporte des fleurs, et avec Georges (mon perroquet bavard) perché sur mon épaule, nous avons une petite conversation où nous lui racontons la vie des voisins. J’espère que cela le distrait un peu ; en tout cas je me sens mieux après.

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