- Michèle Sartout
A tire d’aile
Toute sa vie
Elle a couru à perdre haleine,
Pour fuir la peur du lendemain.
Elle a nagé entre deux eaux
Pour tromper les pervers et les narcissiques.
Elle a connu le mal de vivre,
Et le vertige des profondeurs.
Un jour elle s’est arrêtée,
Essoufflée, hagarde.
Elle a entendu le vent,
Et le crissement des feuilles mortes sous ses pas.
Les grues cendrées ont traversé le ciel,
Elle a déployé ses ailes,
A voulu s’enfuir vers une lointaine destination.
Mais elle s’est souvenue
De ses amis, de ses amants,
Du désir de l’autre
Qui fait battre le cœur,
De tous ces petits riens
Qui redonnent gout à la vie.
Ce quelque chose ou quelqu’un
Venu de loin
Qui nous effleure avec douceur
Dans la velléité de l’aube,
Pour nous annoncer que toujours
Le monde recommence.
