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  • Raphaël K

Le sorcier

Le moment entre chien et loup se poursuit pour voir la lumière disparaître et quitter le ciel et la terre, céder la place à l’obscurité et permettre le début de notre introspection.

C’est le moment où mon sommeil devient plus agité. J’ai dormi toute la journée sur ce fauteuil et une énergie nouvelle m’attire au dehors. Mon épuisement cède la place à un besoin de parcourir le monde. Je gambade dans le jardin et j’aperçois l’homme qui marche. Il est habillé bizarrement avec cette grande redingote noire lui descendant jusqu’aux pieds, et ce chapeau assorti lui assombri le

visage et lui donne un air de conspirateur aux aguets. La singularité du personnage me pousse à le suivre. Où peut-il bien se rendre. Vite, il ne faut pas le perdre de vue.

Il rentre dans une église, marche jusqu’à l’autel et s’agenouille pour une prière silencieuse. Je fais l’équilibriste sur les bancs pour m’approcher le plus possible et entendre sa prière.

Il invoque le seigneur pour l’absoudre de tous ses anciens pêchers et de tous ceux à venir. Il allume un cierge et après un moment de recueillement, il se lève et se précipite vers la sortie à folle allure.

Surpris, j’ai du mal à le suivre dans les rues de la ville avec mes petites pattes, mais je ne le lâche pas d’une semelle.

Soudain il s’arrête et se retourne, les sens aiguisés, comme s’il sentait une présence étrangère près de lui.

Je me tapisse près d’un arbre, mon pelage noir se fond dans l’obscurité. Après quelques instants il repart, rassuré. Il sonne à une porte et disparaît dans la maison.

Je saute sur le rebord de la fenêtre et j’aperçois une table ronde avec trois autres personnes assises. Ils se tiennent tous par la main. Une lumière tamisée éclaire à peine leurs visages. Après quelques temps je sens de drôles de vibrations et la lumière vacille. Mes poils se hérissent et je pense à mon cher fauteuil où je serais si bien. Mais ma curiosité me pousse à rester.

J’entends maintenant des bruits comme les cognements insistants d’une personne en colère. Mon ouïe est fine mais je suis derrière une fenêtre à double vitrage. Ce doit être insupportable à l’intérieur pourtant les quatre compères semblent imperturbables.

Des lumières comme des flashs jaillissent par moment du plafond. Autour de la table ils restent stoïques, les yeux clos concentré dans leur pensées et les mains solidement liées à leurs voisins.

J’ai vraiment l’impression de voir des ombres apparaître dans la salle se diriger vers la table rester un moment avant de disparaître. Ils font des incantations pour appeler des esprits. Je ne peux pas entendre leurs paroles et je le regrette bien, mais il n’y aucun moyen pour moi de m’introduire dans la maison sans être vu. Je ne sais pas non plus si j’aurais le courage de le faire.

Après une bonne heure je commence à me lasser, et je m’apprête à repartir quand soudain la porte s’ouvre et une personne inconnue ouvre la lumière. Je ne vois plus que mon sorcier. Les trois autres ont disparus happés par la clarté trop agressive.

Elle s’approche de la table et j’imagine une conversation s’engager. Non, finalement elle tire la chaise où se trouve mon sorcier et elle s’assoit sur lui.

J’imagine qu’elle n’a pas vu que la pièce n’était pas vide et une mise au point va avoir lieu entre eux.

A ma grande surprise il ne se passe rien et elle traverse le corps de mon personnage comme s’il était transparent. Je dois rêver, ce n’est pas possible. Je ne peux m’empêcher de fixer les yeux sur cette chaise. Je vois toujours apparaître les contours de mon sorcier mais une partie est cachée par la femme assise sur lui.

Après deux minutes elle se relève et mon sorcier en profite pour faire de même.

Il traverse la porte d’entrée passe devant la fenêtre où je suis toujours paralysé d’étonnement et de frayeur et disparait dans une ruelle sombre après m’avoir fait un signe avec son chapeau.

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