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  • Marie-Anne Gérard

À la manière de... en cuisine

Ce qui réveilla Grégoire fut une horrible sensation de froid qui lui pénétrait jusqu'aux os.

C'était totalement inhabituel pour lui qui, si frileux en cette période hivernale, ne s'endormait dans son lit douillet que recouvert d'un monceau d'édredons.

Il ouvrit donc un œil, même si le réveil n'avait pas encore sonné, et s'étonna de l'obscurité totale qui régnait dans sa chambre.

Les lourds rideaux de velours grenat qui ornaient ses fenêtres laissaient en effet toujours passer une douce pénombre, même en pleine nuit, grâce au lampadaire de la rue.

N'y tenant plus de froid, Grégoire décida de se lever pour gagner la salle de bains où il pourrait enfin calmer les frissons qui l'agitaient en s'enveloppant dans son peignoir moelleux.

Mais impossible de bouger !

Ses membres étaient repliés curieusement sur son torse et l'ensemble de son corps entravé par de larges bandes blanches et grasses, elles-mêmes maintenues par de la ficelle.

Avait-il, dans la nuit, été agressé par des voleurs qui l'auraient saucissonné pour qu'il ne donne pas l'alerte ?

Mais alors, où était-il à présent s'il n'était plus dans sa chambre ?

Grégoire réalisa avec effroi qu'il reposait sur une sorte de plaque de verre affreusement graisseuse.

Une odeur bizarre d'ail et d'herbes de Provence fit frémir ses narines jusqu'ici anesthésiées par le froid.

Il parvint à bouger la tête et se vit, en effet, environné de gousses d'ail, une branche de thym trônant sur son ventre rebondi.

Dans quel affreux cauchemar était-il donc plongé ?

Lui revint en mémoire qu'on était le 24 décembre et qu'il lui fallait se hâter de sortir de ce mauvais rêve pour prêter assistance à sa mère et ses sœurs car ils attendaient de nombreux convives pour le réveillon.

Il referma donc les yeux, espérant par là chasser ce mauvais rêve et s'éveiller enfin sur un matin ayant retrouvé sa normalité.

Un bruit de porte qui s'ouvre et une lumière éblouissante mirent fin à ses velléités de rendormissement.

Et c'est alors qu'il perçut les voix mêlées de sa mère et de sa sœur aînée.

Grégoire en pleura de joie, son calvaire allait prendre fin.

Il hurla  Maman ! mais nul son ne sortit de sa bouche tandis qu'il entendit :

«  Margot, sors le chapon dès maintenant du réfrigérateur, il n'en sera que meilleur de rester quelques heures à température ambiante avant de passer au four. »

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