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  • Josette Levot

Émile

Dernière mise à jour : 16 déc. 2020

Madame Meunier savait comment les fausses rumeurs trouvaient un terreau propice dans la tête des enfants : on avait vu, on avait échappé à un bonhomme, on avait du courir ! Tantôt il était devant la grille de l'école un autre jour il était sur la place devant l'épicerie… C'était un super menteur, chaque enfant avait droit à une histoire différente dans ses tentatives d'approche.

Dans cette petite école de campagne, Madame meunier connaissait tous ses élèves. Elle avait sonné la cloche quelques minutes en retard : Émile n'était pas là ! Ce n'était pas normal. La maîtresse sentit l'inquiétude monter ; elle fit entrer ses « enfants » et commença la classe, non sans jeter un regard furtif par la fenêtre avec l'espoir de voir arriver le garçon.

Un silence studieux régnait ; seuls quelques soupirs et grattements de plume se faisaient entendre : l'exercice de français requerrait calme et concentration.

Un nouveau regard rapide à la rue… Émile arrivait en courant ! Madame Meunier avec un soupir de soulagement dit :

« Je suis derrière la porte, vous travaillez je surveille ! »

Et l'instant d'après, « Émile, tu as vu l'heure !

-Madame j'ai eu tellement peur, je l'ai vu ! On n'a pas le droit de mentir, il m'a dit que maman voulait que je le suive.

-Arrête avec tes mensonges ! Tu l'as vu ? Décris le moi.

-Il est vieux, il est sale, il ne coupe pas ses cheveux, alors que c'est même pas une fille : sa bouche fait des sourires mais ses yeux non ! Il a des yeux méchants.

-Pourquoi dis-tu qu'il est sale ?

-Ses habits sont sales : son pantalon a de la terre partout : aux genoux, au derrière, on dirait qu'il vient de creuser un trou dans la boue.

-Il a essayé de t'emmener ?

-Non, il se mettait devant moi pour m'empêcher d'avancer, il m'a dit un mensonge gros comme un éléphant, que maman était son amie alors qu'on ne le connaît même pas !

-Alors qu'as-tu fait ?

-J'étais devant chez la petite mémé qui nous donne des pommes et tout ça…

Alors je suis rentré dans sa cours, j'ai fait semblant de sonner à sa porte et je suis resté longtemps caché sous l'auvent en attendant qu'il parte. Après j'ai couru…

-Bon, rentre en classe, j'irai voir tes parents…

-Maîtresse, je peux aller aux toilettes avant ? »…

J'ai caché mes mains derrière mon dos, les cerises les ont toutes tachées. Je suis un gros menteur.

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