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Hortense et Marco

"La gratitude, c'est une clé magique. Il suffit de l'utiliser et le monde apparaît merveilleux. Ce qu'il y a d'incroyable dans la gratitude, c'est que c'est un sentiment à l'état pur. Impossible

de l'éprouver sous l'emprise d'émotions négatives telle la peur ou la colère."


Ma chère Hortense, je suis là devant toi et je veux te dire merci, mille fois merci !

Ce matin, pour avoir aidé Clara la petite fleuriste, à décharger sa camionnette, elle m'a donné ce bouquet que je t'offre avec toute ma gratitude.

Te souviens-tu, c'est toi qui a fait les premiers pas. Tu es venue t'assoir sur le banc que je squattais.

Je t'ai regardé, sans vraiment te voir et je me suis dit que tu devais être une bourgeoise, un peu idiote, en mal de sensations fortes pour venir t'assoir près d’un un miséreux, un vagabond, un clodo, un sans domicile fixe comme on dit aujourd’hui.

J'avoue, j'étais un peu ivre. Pour oublier, l'alcool ça aide. Je t'ai regardé et j'ai été touché par ton sourire rempli de soleil et tes yeux d’étoiles.

Tu m'as troublé, tu m'as fait peur. Que me voulais-tu ? Qu'attendais-tu de moi, le marginal, l'étranger que l'on ne regarde pas, que l'on ne veut pas voir de peur de croiser un regard, de

rencontrer un visage et pourtant on n’en reste pas moins des humains, dans notre monde d'errance dans lequel nous naviguons sans but.

Très vite, tu m'as parlé comme si nous étions de vieux amis, avec tant de gentillesse sans condescendance. Tu étais retraitée, habi-tait le quartier, grâce à ta gentillesse tu connaissais beaucoup de gens. Ce petit quartier ressemblait à mon village lorsque j'étais enfant mais ça c'est un sujet tabou. Je me souviens avoir souri lor-sque tu m'as demandé avec beaucoup de prévenance et de générosité si je voulais partager ton goûter. Si tu goûtais tout ce que tu

m'avais proposé ce jour-là, tu n'aurais pas cette taille d’oiseau que l'on a envie de protéger.

Lorsque tu es partie, tu m'as dit à demain. Je n'y croyais pas et tu es revenue presque tous les autres jours. J'ai envie de dire, le temps de m’apprivoiser.

Oui, pour m'apprivoiser car nous les sans-visages, les sans-noms, au-fait je m'appelle Marco, pour ne pas souffrir, on ne s'attache pas. Pour nous s'engager c'est terrible.

Entre nous, il n'y a jamais été question d’argent. Tu m'as proposé de venir prendre les petits déjeuners chez toi les week-ends et prendre une douche. J'ai mis longtemps avant d'accepter mais c'était ne pas tenir compte de ta générosité, ta confiance, ta façon bien à toi de toujours trouver des excuses, de "panser" les blessures et de faire que chaque instant soit un cadeau.

Tu n'imposais jamais rien, proposais, laissais venir. Tu m'as tou-jours laissé mon libre choix et je t'en remercie. J'étais un être à part entière, avec toi je n'avais pas d’étiquette.

Plusieurs fois, je t'ai sollicité pour des copains, pour l'un c'était des croquettes pour son chien, pour Sonia, tu te souviens de cette gamine qui venait des pays de l'est pensant trouver l'Eldorado. Elle avait besoin de protections périodiques, je ne savais comment aborder le sujet. Lorsque tu as compris, tu as bien ri et tu t'es même moquée de moi... et pour tant d'autres encore. Mais les choses étaient claires jamais d'argent car tu connaissais très bien l'origine de ce besoin.

Tu vois grâce à toi, je recommence à avoir des souvenirs heureux.

Et puis, tu m'as présenté à tes amis du quartier, Clara la petite fleuriste, Antoine le libraire, Brahim le coiffeur barbier. Ils me demandent des petits services et d'une façon ou d'une autre me "résuma"... un vêtement, un repas, une coupe de cheveux, un héber-gement, des aides diverses et variées. Je réapprends l’humanité.

Merci pour ce week-end à la mer, je n'y avais pas été depuis si longtemps, pour moi ce fut un rêve. J'ai redécouvert le bruit des vagues, les embruns le soleil et le vent sur la peau, le sable

qui s'immisce entre les doigts de pieds, le cri des mouettes, c'était merveilleux, j'étais radieux.

Ma chère Hortense tu m'as réappris à vivre, à aimer, à m'ouvrir aux autres. Je sais que ce n'est pas gagné mais je me sens si bien prés de toi et de tes amis. J'ai repris plus de confiance en moi, dans la vie, on dirait même que je commence à m’aimer.


Merci Hortense, mille fois merci.

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