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  • Monique Derrien

Normocratie

Il était une fois une ville nommée Normocratie, enfermée dans un labyrinthe qui semblait n'avoir ni entrée, ni sortie.

Des maisons grises, toutes identiques, bordaient des trottoirs dénués de toute végétation.

Les arbres, les fleurs avaient disparu depuis longtemps. Seuls les vieux, qu'on avait parqués dans des structures interdites au public, auraient pu dire comment c'était avant.

En fonction de leur statut social les gens étaient vêtus soit de noir, de rouge ou de vert.

Les hommes se réunissaient afin de faire le point et éditer de nouvelles règles pour la ville.

C'était l'occasion de boire et fumer ensemble.

Quant aux femmes, leur rôle se limitait à faire des courses, gérer la maison et surtout faire des enfants.

Le projet de ces messieurs était d'imposer ces normes de vie au-delà de la ville, voire au pays entier.

Dehors les gens se croisaient, s'épiaient, baissaient la tête sans se saluer. Tous se méfiaient de tous. La délation était recommandée, récompensée.

L'homme avait le droit de battre sa femme. L'acte de contrition de la femme qui avait mérité la correction se faisait publiquement.

A côté de cela, il y avait tous ceux qui échappaient à ces règles. On les appelait les fous, les handicapés de la vie, des perdus dans leurs têtes.

Il avait été question de les exterminer, que des inutiles. Ça ne s'était pas fait, sans doute un reste de conscience ou bien ce n'était que partie remise.

Roland le furieux faisait partie de ceux-là. Lui, les labyrinthes il connaissait. Il en avait plein la tête. Il allait trouver une porte de sortie.

C'est le sentier des nids d'araignées qui lui montra le chemin de la forêt racine.

Roland se mit en route. Le sentier démarrait par un tunnel très sombre.

En aveugle il avançait, les bras emportant sur leur passage des toiles d'araignées. Ses pas résonnaient. Il chantonnait pour se donner du courage.

Une lumière, droit devant lui, la fin du tunnel. Ébloui par le soleil, émerveillé par cette nature luxuriante, Roland s'est roulé dans l'herbe, a parlé aux arbres, a cueilli des fleurs et s'est endormi.

A son réveil, une fille toute rose était assise à côté de lui.

Ils se sont racontés longtemps, tout.

Roland est reparti les bras chargés de fleurs, de graines, d'arbustes.

Et c'est ainsi que dans cette ville grise, des plantes toutes vertes ont grimpé le long des façades, des fleurs multicolores ont recouvert la terre, des arbres ont poussé leurs têtes vers le ciel.

Roland connaît le chemin. S'il le faut, il y retournera.

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